Collège Léon Dupont

Résumé de la vie

du vénérable Léon Papin Dupont

  

DES PREMIÈRES ANNÉES A SON ARRIVÉE À TOURS

Gravure Lon Papin Dupont

Le 24 janvier 1797 naît en Martinique, Léon Papin Dupont, fils de Nicolas Léon Papin Dupont, qui appartenait à une famille de gentilshommes originaire de Bretagne, et de Marie Louise Philippine Gaigneron Jolimont de Marolles, une riche créole martiniquaise, issue d’une noble et ancienne famille de France métropolitaine. Ondoyé le jour de sa naissance, il reçoit les cérémonies du baptême le 6 mars 1797. En 1801, naît son frère Théobald. Les deux frères perdent très tôt leur père en 1803. Leur mère se remariera plus tard avec Monsieur d’Arnaud, membre du conseil général de Martinique.

Après sa scolarité aux Etats-Unis et en France au collège de Pontlevoy, non loin du château de Chissay (37), Léon Papin Dupont entreprend des études de droit en 1818 à Paris et mène une vie mondaine tout en fréquentant l’aristocratie de la capitale. C’est en 1820 qu’il se convertira grâce à un fervent chrétien Monsieur Bordier. Dès lors, il va mener une vraie vie chrétienne, nourrie par les sacrements et la prière et ne cessera de faire des bonnes oeuvres.
En 1821, suite à ses études de droit, il devient à 24 ans conseiller auditeur à la cour royale de Martinique.

Le 9 mai 1827, il épouse Caroline d’Audiffredy en Martinique. Cinq ans plus tard, le 4 décembre 1832, naît son unique fille Marie Caroline Henriette, mais à peine quelques mois plus tard, le 1er août 1833, sa femme meurt, probablement de la tuberculose. Il en est si affecté qu’il tombe gravement malade et il s’en faudra de peu qu’il ne perde la vue. Sa femme avant de mourir lui fait promettre de confier l’éducation de la jeune Henriette aux Ursulines de Tours où elle-même a été instruite dans sa jeunesse.
A la fin du mois de mai 1834, Monsieur Dupont part définitivement à Tours avec sa fille, sa mère Madame d’Arnaud et ses domestiques et fait don de sa maison de Martinique au diocèse, pour agrandir le séminaire qui lui était contigu. Il a 37 ans. Il donnera sa démission de ses fonctions de magistrat et vivra des rentes de ses terres martiniquaises (productions de rhum).

 

LES ANNÉES À TOURS DU “PÈLERIN”

La devise de Monsieur Dupont était celle de sainte Scholastique: « Parler de Dieu ou se taire. »
SON QUOTIDIEN
Il passait ses matinées (depuis 3 ou 4h du matin) à l’oraison, la messe, les pieuses lectures et la correspondance et son après-midi aux bonnes œuvres. Il était fidèle à la récitation quotidienne du bréviaire comme les prêtres, du chapelet et étudiait chaque jour les saintes Ecritures qu’il finira par connaître presque par cœur et dont il agrémentera de citations ses lettres et ses conversations. Il parlait de lui en se nommant « le pèlerin », tant il aimait les pèlerinages, à la Salette, à Paray le Monial, en Touraine (dont ceux sur les sites où est passé saint Martin et qu’il a contribué à relancer).
Il était très dévôt envers le sacré Cœur, (faisait l’heure sainte chaque jeudi soir et était inscrit dans la confrérie) les saintes plaies du Christ et la sainte Vierge Marie (en particulier Notre Dame de la Salette mais aussi Lourdes au temps des apparitions). Il sera fidèle à gagner chaque année l’indulgence de la Portioncule.
Le 22 juillet 1837, jour de la fête de sainte Marie Madeleine, il reçoit une grâce spéciale après la communion et marche sur la voie de la pénitence après avoir lu la vie de sainte Thérèse d’Avila. Il portera un cilice, et on retrouvera une discipline de fer après sa mort.

 


SES ÉCRITS
Il écrira 3 ouvrages: en 1839 La foi raffermie et la piété ranimée dans le mystère de l’Eucharistie », en 1842 avec l’abbé Bodet l’Année de Marie ou pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu ( recueil de lieux de pèlerinages à la sainte Vierge) et en 1847 les Pensées sur l’amour de Dieu.

 


SES BONNES ŒUVRES
Il était connu pour son zèle contre le blasphème ce qui l’amène à convertir plusieurs malheureux, (notamment un cocher) et pour propager la médaille de saint Benoît qui fera de nombreux miracles par son entremise.*
A Tours, il se consacre à de nombreuses bonnes œuvres: le catéchisme des petits savoyards (ramoneurs) de la ville dans la chapelle des Carmélites de Tours, la conférence saint Vincent de Paul, les cours d’alphabets aux ouvriers analphabètes, l’œuvre des soldats (enseignements, jeux), la visite des prisonniers, (il en convertira un en particulier suite à sa guérison obtenue après neuvaine à saint Benoît), l’aide à l’établissement (suite aux inondations de la Loire) puis à la pérennité des petites sœurs des Pauvres en 1846.
* Voir à ce propos, Dom Guéranger, Essai sur l’origine, la signification et les privilèges de la médaille ou Croix de saint Benoît. Dom Guéranger était un ami proche de Monsieur Dupont. Son ouvrage recense des faits attribués à un certain Monsieur D. (Dupont) de la ville de T…(Tours)

 

L’ŒUVRE DE L’ADORATION NOCTURNE
Le 2 février 1849, l’œuvre de l’adoration nocturne des hommes est établie à Tours par M Dupont. (avec l’approbation ecclésiastique) L’adoration nocturne consiste en l’adoration pendant toute la nuit du Saint Sacrement en réparation.
Cela a encore un rapport avec la sœur Marie de Saint Pierre, Carmélite de Tours: Théodelinde Dubouché, une artiste parisienne, fut guérie alors que mourante en faisant une neuvaine de prières à sœur Marie de saint Pierre. Elle devint religieuse sous le nom de sœur Marie Thérèse du Cœur de Jésus et fut inspirée -après avoir pris connaissance des révélations de sœur Marie de Saint Pierre- d’établir une congrégation de l’adoration réparatrice avec notamment l’adoration nocturne réparatrice. Cette adoration du saint Sacrement fut reprise et instaurée à Paris pour les hommes par le Père Hermann (Herman Cohen, le fameux juif converti devenu carme) le 6 décembre 1848, puis par Monsieur Dupont à Tours. « L’œuvre de l’adoration est tout autant pour réparer les outrages adressés à Notre Seigneur que pour réédifier sur des bases chrétiennes la société que la philosophie abandonne pantelante aux abords de l’enfer, » dira Monsieur Dupont. Il verra plusieurs fois le Père Hermann à Tours, notamment avec saint Pierre Julien Eymard un grand ami et les fera prêcher sur le saint Sacrement dans le cadre de l’œuvre de l’adoration nocturne. De très nombreuses grâces de conversions et de guérisons furent obtenues. On écrivait de très loin pour faire part à Monsieur Dupont des intentions particulières de prières. Monsieur Dupont fit répandre cette pratique de l’adoration nocturne partout en France et même dans certains pays d’Europe.

 

L’ŒUVRE DE SAINT MARTIN
Cette œuvre a été instituée à Tours en 1855 par Monsieur Dupont pour habiller les pauvres en hommage à Notre Seigneur. Il s’agissait également de faire de l’apostolat puisque les membres de cette œuvre devaient ne négliger aucune occasion de parler de Dieu aux pauvres. Enfin, Monsieur Dupont espérait également par ce moyen raviver dans les cœurs la dévotion oubliée envers saint Martin, patron des Gaules, protecteur de la France et évêque de Tours.
Et de fait, cette œuvre aboutit à une renaissance de la dévotion populaire envers saint Martin, ainsi qu’à un effort commun pour mener des recherches archéologiques afin de retrouver le tombeau de saint Martin que l’on croyait définitivement perdu sous les rues de la ville. En dépit de nombreux obstacles, Monsieur Dupont fut à la tête du mouvement qui permit à terme la redécouverte du tombeau de saint Martin: il fut découvert sous les caves d’une des maisons achetées exprès pour permettre les fouilles archéologiques et qui avaient été construites après la Révolution le long de la rue dessinée sur l’emplacement de la basilique saint Martin pour empêcher toute reconstruction ultérieure de l’édifice. Ce fut encore Monsieur Dupont qui insista et fit prier pour que l’évêque de Tours renonce à son désir de déplacer le tombeau de saint Martin dans l’église saint Julien de Tours, récemment rénovée. L’évêque de Tours finit par accepter la reconstruction d’une basilique sur l’emplacement de l’ancienne, malgré les obstacles financiers évidents. Le pape et les diocèses de France contribuèrent à l’édification du nouvel édifice religieux de Tours.

 

LA DEVOTION A LA SAINTE FACE

Tout commence par un miracle à Rome : en janvier 1849, pendant l’exil du Pape Pie IX à Gaëte, des prières publiques sont prescrites dans toutes les églises et le voile de Véronique est exposé à Saint Pierre au Vatican. C’est alors que le voile se colora, s’anima et la figure de Notre Seigneur s’y montra dans une douce lumière. Le prodige sera renouvelé plusieurs fois et constaté par les autorités ecclésiastiques. On décide de faire toucher au voile des fac-similés et d’autres sont imprimés et répandus. C’est ainsi que plusieurs images de la sainte Face fac-similées et touchées au Voile de Véronique de Rome parviennent chez les Bénédictines d’Arras qui en envoient au Carmélites de Tours. Ces dernières en donnent deux à Monsieur Dupont le dimanche des Rameaux 1851.
Le lundi saint, le Vénérable Léon-Papin Dupont les confie à un ouvrier pour les encadrer. Quand il les reçoit le mercredi saint, il offre la plus belle image pour l’œuvre de l’Adoration nocturne, et garde celle avec un petit défaut d’impression pour lui. Il l’expose dans son salon le mercredi saint en y mettant devant une lampe allumée. Et s’il devait venir des visiteurs intrigués par cette lampe allumée jour et nuit, il leur parlerait de Dieu, des péchés des hommes et du devoir de la réparation. Voilà tout l’apostolat qu’il prévoyait de faire.
Le samedi saint, Monsieur Dupont invite une visiteuse qui avait les yeux très malades à prier devant la sainte Face pour demander sa guérison et à se mettre de l’huile de la lampe sur les yeux. Elle s’exécute et est guérie immédiatement.

Monsieur Dupont donne lui-même dans une lettre un témoignage des débuts du culte de la sainte Face « Bientôt, nous entrâmes dans le mois consacré au Sacré Cœur et au Précieux Sang, et dès lors les consolations surabondèrent. Plus de 20 personnes ressentirent des effets sensibles dans des maladies graves. De proche en proche on racontait les grâces obtenues. Nous commençâmes à réciter alors, au pied de l’image les litanies de la sainte Face, composées par la pauvre petite ouvrière de Bretagne, devenue Sœur Marie de Saint Pierre. Les prodiges se multiplièrent ; je n’entreprends pas d’entrer dans le détail des guérisons opérées avec l’huile : des cancers, des ulcères intérieurs et extérieurs, des cataractes, des ankyloses, des surdités, etc tout cela en grand nombre. Depuis le 2 décembre (il écrivait le 3 mai) j’ai donné plus de 8000 petites fioles d’huile. De jour en jour, la foule augmente ; il y a des samedis où plus de 300 personnes arrivent. Mais ce qui prouve surtout que la grâce agit, c’est que tout ce monde comprend que les neuvaines de prières et d’onctions d’huile s’achèvent par la confession et la communion. »

« A la suite des ces prodiges, écrit-il j’ai commencé à comprendre que Notre Seigneur avait révélé la dévotion à la Sainte Face pour nous faire entrer dans le mystère de ses souffrances continuées dans les âmes : Rursum crucifigentes,1 comme saint Paul le disait. Dès lors il y a obligation pour tout ami de Jésus de tenir la place de Véronique sur la nouvelle voie douloureuse. »

 

 

DERNIERES ANNEES ET MORT DE MONSIEUR DUPONT

Monsieur Dupont passera les 25 dernières années de sa vie à recevoir les pèlerins venus de France et d’Europe pour prier la sainte Face dans son salon. Des centaines de miracles de guérisons et de conversions se produiront en sa présence dans sa maison. Monsieur Dupont entretiendra une correspondance très abondante avec tous ceux qui lui écriront, religieux, laïques pour lui demander des conseils ou des images de la sainte Face avec neuvaine et huile. Des guérisons à distance seront également obtenues par ce moyen comme en Inde et aux Etats Unis par exemple.
Après avoir perdu sa fille en 1847, sa mère en 1860, et connu la guerre de 1870, Monsieur Dupont déclinera dès 1873 atteint de la goutte qui va paralyser progressivement ses membres. Souffrant également de la solitude et surtout de l’impossibilité désormais d’aller à la messe en raison de sa paralysie, il s’éteint saintement dans sa chambre le 18 mars 1876.

 

APRÈS LA MORT DE MONSIEUR DUPONT
A sa mort, sa maison est rachetée par les carmélites de Tours puis transformée en oratoire. Les pèlerins ne cessèrent pas d’affluer dans le salon du saint homme, transformé en chapelle, afin de prier devant la reproduction de la sainte Face et de demander des grâces. Des miracles ont été obtenus par l’intercession de Léon Papin Dupont. Il fut déclaré vénérable par le Pape Jean Paul II le 21 mars 1983.
Actuellement un couvent de dominicains s’occupe de l’oratoire de la sainte Face et accueille les pèlerins au numéro 8 de la rue Bernard Palissy à Tours. L’oratoire est ouvert tous les jours de 8h à 19h30 (entrée libre). A la procure (ouverte le matin du lundi au samedi de 10h à 12h) on peut se procurer de l’huile de la sainte Face, des images, des “petits évangiles” * , des médailles de saint Benoît etc.

 

LA TOMBE DU VENERABLE MONSIEUR DUPONT
Dans l’oratoire de la sainte Face, à Tours, la tombe du vénérable Monsieur Dupont est située au niveau du “choeur”, sous le portrait de la sainte Face. On peut également visiter la chambre de Monsieur Dupont où sont conservés son lit mortuaire, son prie-Dieu et des reliques de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (s’adresser à l’accueil en matinée ou prévenir d’avance par téléphone).

 

BIBLIOGRAPHIE
Vie de M. Dupont, Abbé Janvier, 1882, en deux volumes, ou en version abrégée en un seul volume.
M. Dupont, L. Baudiment, 1936. Vie plus résumée basée sur celle de l’abbé Janvier.

 

* image du sacré Coeur et des instruments de la Passion en tissu contenant l’évangile du saint nom de Jésus, faite par les carmélites d’après une révélation de la soeur Marie de saint Pierre et que le Vénérable Léon Papin Dupont a propagée de son vivant. Ceux qui la portent obtiennent de grandes grâces. Des conversions et guérisons ont été obtenues au 19ème siècle.